Résumé
Les pratiques du mariage dans le monde paysan sous l’Ancien Régime sont mal connues faute de témoignages directs des paysans à propos d’un acte essentiel dans leur existence, le mariage, qui est à la fois un sacrement et un contrat civil. À ce titre il est étroitement encadré par le droit civil mais surtout par la législation ecclésiastique ; ont été peu à peu fixées les conditions légales de l’union, dont en particulier différents « empêchements », comme celui du mariage entre cousins jusqu’au 4e degré. La justice épiscopale dispose toutefois du pouvoir d’accorder des exemptions. Après réception d’une demande de dispense de consanguinité, l’évêque désigne, parmi les curés du voisinage des requérants, un enquêteur qui doit interroger les parties sur les raisons de leur demande et les buts de l’union, puis rédiger un procès-verbal qui présente la généalogie des demandeurs et expose les motifs de la requête.
Les archives de l’officialité du diocèse d’Angers renferment treize liasses contenant plusieurs centaines de demandes de dispense de consanguinité formulées entre 1733 et 1771. Elles permettent de retrouver des pratiques matrimoniales qui ont déjà été en partie décrites pour d’autres régions mais aussi de faire apparaître, d’une part, les conséquences de l’existence en Anjou d’un droit coutumier favorable à la liberté des jeunes, en particulier les femmes, et, d’autre part, les usages matrimoniaux propres aux paysans les plus aisés, les métayers, qui en usent pour protéger leur statut social.