Résumé
Née d'influences européenne et américaine, au cœur de la réforme carcérale française qui imposa le régime cellulaire en France, la prison de Guingamp est un témoignage architectural unique de l’histoire pénitentiaire française et européenne. Maison d’arrêt et de correction construite par le département des Côtes-du-Nord, elle ouvre en 1841 grâce à Charles Lucas, inspecteur général des prisons, Louis Lorin, architecte départemental et Alexis de Tocqueville, le grand historien, penseur et publiciste français. On leur doit cette mise en forme architecturale humaniste de l’idée qu’une prison n’est pas simplement un lieu d’enfermement. Fermée une première fois en 1934, elle accueille des réfugiés espagnols en 1937 et en 1939, puis rouvre en 1941 pour être désaffectée en 1952. Elle a enfermé 31 661 personnes. Vendue par le Département à l’État, elle sert de lieu d’archivage fiscal, de stockage voir encore de logements. Sans aucun entretien, elle se dégrade fortement, victime de tempêtes et d’un incendie. Achetée en 1992 par la commune de Guingamp, puis inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, la démarche aboutit au classement de l’ancienne prison et de son enceinte en 1997. Après plusieurs étapes de travaux de sauvegarde, débutés en 2008, puis de réhabilitation et de réaffectation à partir de 2013 en vue d’un très ambitieux projet artistique et culturel, accessible au public, elle accueille le Centre d’Art photographique GwinZegal en 2019 et l’institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle en 2021.