Créateur
Identifiant
Studies in church history
Référence
22
Date de création
1985
Format
p. 53-63
Résumé
Au début du Moyen Âge, la Bretagne jouissait d’une réputation mitigée en tant que région où mener une vie de discipline ascétique et de dévouement à Dieu. La Vie de saint Méen (11e siècle ?) décrit Samson et ses disciples quittant la Grande-Bretagne pour une vie d’exil spirituel. Ils se sont dirigés vers la Bretagne parce que, selon l’hagiographe, la région n’était pas seulement un « désert » où la vie serait plus dure qu’ailleurs, mais aussi parce que la férocité de ses habitants la rendait plus cruelle. D’autres ne savaient pas si c’était un avantage. Les tribulations d’Abélard en tant qu’abbé de Saint-Gildas-de-Rhuys sont bien connues : bien que lui-même originaire de Bretagne gallo, il se plaignait que les Bretons de Bretagne bretonnante étaient une race barbare et sans foi ni loi, et que les moines de Saint-Gildas étaient dissolus et incontrôlables. Les commentaires d’Abélard font écho à une longue tradition de fustigation des Bretons par les Français, ou les Francs, qui remonte au moins au IXe siècle. Cette critique exprime souvent plus qu’une hostilité à des gens dont le langage les rendait incompréhensibles et donc ridicules : parmi les tensions qu’elle reflète figurent des problèmes de discipline chrétienne et d’autorité ecclésiastique que l’Église franque n’a pas pu résoudre pleinement. En explorant derrière la mauvaise réputation des Bretons, il vaut la peine d’étudier à la fois les pratiques ascétiques de la Bretagne du début du Moyen Âge et les réactions à ces pratiques de l’église franque. Ce faisant, j’espère élucider ma juxtaposition d’« ascèse celtique » et d’« autorité carolingienne » en montrant comment les traditions ascétiques bretonnes ont été modifiées sous l’impact des circonstances politiques carolingiennes.
Type
Article dans une revue